ON N'EST PAS SÉRIEUX QUAND ON A DIX-SEPT ANS  
             
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans 
Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, 
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! 
On va sous les tilleuls verts de la promenade. 
             
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! 
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ; 
Le vent chargé de bruits, - la ville n'est pas loin, - 
A des parfums de vigne et des parfums de bière... 
             
Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon 
D'azur sombre, encadré d'une petite branche, 
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond 
Avec de doux frissons, petite et toute blanche... 
             
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! On se laisse griser. 
La sève est du champagne et vous monte à la tête... 
On divague, on se sent aux lèvres un baiser 
Qui palpite là, comme une petite bête... 
             
Le cœur fou robinsonne à travers les romans, 
Lorsque, dans la clarté d'une pâle réverbère, 
Passe une demoiselle aux petits airs charmants, 
Sous l'ombre du faux-col effrayant de son père... 
             
Et, comme elle vous trouve immensément naïf, 
Tout en faisant trotter ses petites bottines, 
Elle se tourne, alerte, et d'un mouvement vif... 
Sur vos lèvres alors meurent les cavatines... 
             
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. 
Vous êtes amoureux. Vos sonnets la font rire. 
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût. 
Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !... 
             
Ce soir-là,... vous rentrez aux cafés éclatants, 
Vous demandez des bocks ou de la limonade... 
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans 
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade. 
             
            
            
            
            
            
            
            
            
            
             
            Poème d'Arthur Rimbaud 
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            Les naufragés de la D17 
             
Dans la région la plus désertique de France, pendant la 
Guerre du Golfe, les parcours de plusieurs groupes de personnages se croisent, 
comme dans un ballet. 
            Il y a l'astrophysicien qui travaille à l'observatoire, 
au sommet de la montagne, seul avec Géraldine, qu'il voudrait bien arriver à 
séduire, mais elle semble préférer le berger, relégué dans une cabane minable, 
juste à côté. 
            Il y a l'équipe de cinéastes, paralysée en pleine nature suite 
à une grève déclenchée parce que le repas de midi n'était pas arrivé. 
            Il y a 
l'escouade de militaires débiles, qui interprètent le moindre incident comme une 
preuve de l'invasion de la France par Saddam Hussein. 
            Il y a le géologue 
maniaque, indifférent à tout, qui continue à chercher dans les lieux les plus 
inaccessibles des traces d'un big bang tectonique. 
            Il y a les randonneurs 
pédestres, qui considéreraient comme une honte de faire de l'auto-stop. 
            Il y 
a un maquignon, qui gagne son pain en creusant une fondrière afin que les autos 
s'enlisent et qu'il les dépanne à l'aide de ses vaches : le marché commun ne lui 
permet plus de vivre de l'élevage. 
            Il y a surtout le champion des rallyes 
automobiles, Paul dont la voiture reste embourbée, et qui ne veut pas quitter le 
navire : il envoie sa jeune copilote, une groupie qu'il rudoie avec insistance, 
et qui est jalouse de sa grande rivale, l'auto, chercher du secours à la 
ville. 
            Il y a le constructeur de Paul, qui s'inquiète parce que l'auto de son 
pilote convoyait un lourd chargement de drogue. Ce coûteux prototype sportif 
finira carbonisé au fond d'un ravin sous les yeux ravis de Paul et Anne. 
Toutes les femmes de l'histoire se laisseront aller à leurs impulsions en 
montant le sentier aphrodisiaque qui conduit à la cabane du berger. 
            Les 
militaires prendront le microfilm contenant le road-book de repérage du rallye 
pour un plan codé stratégique d'origine irakienne. 
            Tout ce petit monde 
enfilera les camisoles de force amenées par les gendarmes, dont le break ne sera 
pas assez grand pour contenir tous ceux qu'ils étaient venus 
chercher. 
             
Un tour-nage commencé le 11 septembre 2001 , on nage bien entre les tours .  
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