La petite salade des terres verticales de Brive | ||
La petite salade des terres verticales : une certaine façon de présenter un milieu rencontré en Sud-Corrèze et peut-être ailleurs (??), mais pour ma part, je me contente des environs de Brive-la-Gaillarde que je parcours régulièrement depuis près d’une dizaine d’années. Les terres verticales me sont apparues dans leur originalité assez tardivement, peut être mises en relief en cette année 2016 au travers d’un hiver doux et humide qui a mieux permis aux composantes végétales d’exprimer leur possibilités. Beaucoup d’entre nous connaissent les escarpements de Brive qui soulignent un nombre considérable de vallons, les falaises suintantes (sans doute plus de 25 km en linéaire) accueillant des droséras en sont un exemple particulier souvent mis en exergue, avec un milieu qui bénéficie d'un sérieux rafraichissement lorsqu’un hiver rigoureux décape la falaise et permet le cycle de la reconquête. Mais d’autres conditions engendrent des milieux différents qui vont produire des associations végétales originales. Sur
une terre verticale : reboulia, riccia se partagent le peu de terreau
sableux disponible avec la petite fougère annuelle : l'Anogramme
leptophylla, extraordinairement présente cette année 2016 et les jeunes pousses poilues de la Saxifraga granulata qui va blanchir la campagne briviste les jours suivants et entre ces diverses espèces on devine une petite salade aux lobes très ronds, une plante qui inspire l'intitulé de la page web et qui sera présentée plus loin. L’inclinaison des pentes des vallons entraine une large déclinaison de ces milieux rencontrés au sud de la ville : les affleurements bien moins pentus, mais alimentés en humidité au moins dans la première partie de l’année, permettent, sur la médiocre terre sableuse, l’apparition des tonsures annuelles autour de la cicendie filiforme et sont considérées comme une des associations végétales les plus remarquables du bassin versant de la Planchetorte. Les critères de pente avec la composante extrême que représente la verticalité, l’exposition et l’ensoleillement, la couverture végétale, la position du site dans le vallon, la capacité d’être alimenté en humidité, et celle de sécher brutalement pendant les périodes sans pluies feront autant de milieux qui vont accueillir différentes associations végétales. Les terres verticales, elles, semblent issues des conditions suivantes : une verticalité bien sûr variant autour de l’absolu incluant même un léger surplomb, un positionnement vers le niveau inférieur des vallons, ces terres bénéficient ainsi des apports du suintement des infiltrations des eaux pluviales reçues par les zones moins pentues situées au dessus, mais aussi de l’accumulation des nombreux débris végétaux qui ne seront ni balayés par un suintement trop important ni par un écoulement intempestif, grâce à quelques espèces plus conséquentes qui retiennent ces débris par leurs racines et par un certain entremêlement. Ce support n’est donc pas soumis à un rafraichissement décapant comme c’est le cas pour le milieu des droséras sur une paroi toujours humide. Une exposition favorable permettant de bénéficier de la chaleur, restituée par le support humifère, permet de faire naître cette végétation dont on va présenter quelques composantes caractéristiques par la suite. Voici réunis artificiellement pour les premières photos ci-dessous un trio d'anthérocétales, le plus petit en nombre d'espèces des 3 groupes formant les bryophytes. L'image permet de comparer les grandeurs et la morphologie de ces trois espèces : Deux antheceros : A. punctatus en haut à gauche avec ses longues cornes portant les spores, A. agrestis est supposé être au centre et en bas, beaucoup plus petit dans ses sinuosités et ses cornes, bien plus compacte également. A droite un représentant de l'autre genre : Phaeoceros supposé être P. laevis. ces 3 espèces des 4 qui composent ce groupe des anthérocétales en Europe se rencontrent dans la vallée de Planchetorte à Brive, répartis en quelques hectomètres. Antheceros agrestis se situe sur un talus assez dénudé, rarement humide dans l'année, séchard en été. Antheceros punctatus est plus connu dans la vallée : plus grand et bien plus visible, il aime mieux les zones les plus basses dans les parois verticales bien pourvues en suintements abondants. Dans cette petite végétation pullule une microfaune très adaptée, l'inventaire demanderait certainement beaucoup d'efforts mais proposerait sans doute de belles découvertes. Phaeoceros laevis (une supposition quand à l'espèce) se trouve dans un milieu intermédiaire au niveau de l'humidité, mais bénéficiant des suintements printaniers, il couvre une part importante d'un talus, parfois vertical mais bien pourvu en substrat terreux. Ci-dessous, une série de photos pour illustrer cette espèce : Au dessus des parois verticales lorsque la pente s'estompe, la floraison des barbarées vernales illuminent ces espaces vouées à des espèces plus petites. Une autre hépatique présente dans la vallée de Planchetorte et qui pourrait assez facilement être prise pour une anthocérotale : Blasia pumilla Paroi suintante très accueillante pour les bryophytes. Voici maintenant la petite salade des terres verticales qui inspire le titre de cette page. Je supposais, après plus d'une année d'observation, qu'il s'agisait de Petalophyllum ralfsii, On peut penser au prothalle des anogrammes mais je me remémorais aussi qu'un train pouvant en cacher un autre, avec quelques autres observations où l'anogramme est exclu, j'ai penché (avec erreur semble-t-il ?) pour cette détermination de l'hépatique pétale, proche du genre Fossombronia. Malgré de longues recherches je n'ai pas trouvé grand chose dans la bibliothèque mondiale du Web. Cette espèce semble absente de France si on se réfère au site du Muséum National d'Histoire Naturelle, il existerait une référence ancienne dans un pays de Loire (base nationale de Cécile Lemonnier)... Cette espèce est citée dans l'annexe n°1 (protection stricte) de la Convention de Berne qui régit les espèces européennes. Gros plan sur un exemplaire assez large (un cm environ) On devine dans la petite salade la percée des fougères annuelles : les anogrammes, quelques riccias et autres bryophytes. Revenir à l'accueil du site du Jardin sauvage Page actualisée le 20 avril 2016 / DG |