Paul Boissard s'est envolé, il avait 33 ans dans ces années 80, ma vie après sa disparition ne fut plus la même ... Nous étions Paul et moi en terminale C à la fin des années 60, après 68, Amiens est devenue puis restée un bastion de contestation de la société telle qu'elle se profilait alors, pourtant elle pourrait paraître aujourd'hui comme un monde de dénuements. Mais nous ressentions que, bientôt, nous serions submergés par ces choses que la pub nous incite à consommer pour que, peu à peu, la dépendance s'installe et que notre liberté soit entièrement déterminée par le subtil travail de sape des besoins créés et toujours à renouveler. Paul venait parfois en classe et posait sa pancarte revendicatrice délicatement au fond de la classe. Nous menions quelquefois des actions d'une symbolique cocasse, je me rappelle de ces grèves de la faim devant le monument aux morts de la cité scolaire d'Amiens, cet immense ensemble de lycées que concurrençait l'établissement petit bourgeois juste à côté, la Providence où le Macron local s'apprêtait à faires ses preuves par 9 un plus trop tard pour des rencontres percutantes : son modernisme avait déjà du retard au chérubin, pardon ! au cher urbain amiénois. La grève de la faim s'interrompait la plupart du temps le midi pour entamer le chant du sandwich ... Paul s'est mis à écrire des chansons, il devint le Popol perdu dans la métropole : p'tit pol t'es perdu au pôle Alors là, vous l'avez compris qu'il faut illustrer mes propos par un clic sur le lien ci-dessus pour écouter cette première complainte rock-and-rollisée, et les autres par la suite. Je vous ai dit que depuis longtemps je voulais rendre cet hommage à Paul et c'est grâce à Brigitte, la compagne et mère de ses deux filles qui m'a remis récemment deux DVD dont voici les pochettes. Une vingtaine des innombrables chansons de Paul ont ainsi pu être gravées sur ceux-ci. Je ma promène sur ma guitare est sorti en 33 tours à la fin des années 70 La lune des pirates : ce second recueil de 10 chansons de Paul a été converti par Antoine Flandre d'après un enregistrement du concert à la MCA en février 1981 et réalisé grâce à l'aide amicale et efficace d'Alain Graine et Daniel Dufour, un grand merci à tous les trois. Tous droits réservés à Claire Boissard et Lucie Boissard. La Lune des Pirates, c'est aussi le nom d'un des premières boîte à musique qui s'est créée à Amiens sur le quai Bélu au cœur de la vie nocturne dans la Cité picarde. Bien sûr ce nom est en référence et un hommage à Paul qui chante ici : La lune des pirates Les chansons de Paul après quelques manipulations informatiques pourront être écoutées par un clic sur mon site www.correzitude.fr, et j'espère ainsi concurrencer - je badine - les grands distributeurs de musique que vous connaissez. Paul Lénine Paul Boissard certainement au début des années 70 à la Maison de la Culture d'Amiens où j'ai passé beaucoup de temps à photographier les gens de ma génération. La MCA, l'abri antiatomique mais aussi refuge culturel incontournable à cette époque. Nous avons à 3, cette année là, parcouru le sud de la France, ses montagnes, les Alpes du Sud en passant par Chamrousse et sa nuit blanche de neige à la recherche vaine d'un refuge pour une vie future. Ici sur la photo, c'était dans les Cévennes près du col de l'homme mort avant de descendre vers la Vallée Française, qui verrait s'installer quelques temps plus tard une belle floppée de picards, dont Éliane et ses plantes vertes ... Paul dans une photo légèrement postérisée, et sans doute la cervelle en feu sous la casquette Nous pressentions sous l'oriflamme noire que ce n'était pas l'ÉTAT qu'il faudrait contester mais tout un système politico-économique qui commençait à enserrer ses tentacules autour de notre libre arbitre, qui briseraient ou récupèreraient toutes nos tentatives de penser par nous-même. Au fait êtes-vous coureurs ? à bicyclette D'accord ce n'était pas Paul, mais une diversion de Bourvil Le trottoir de Saint-Leu devant ma maison où Paul se promène sur sa guitare A la maison Dame Jeanne, nos expérimentations n'avaient pas de limites ... Voici un essai de faire sécher notre linge à l'aide ... de guitares .. sèches, bien entendu. Au pied du mur, même si on était fauché, on n'était pas tout de même marteau ... La mob servait en ce temps là à partir en vacances, par exemple, jusqu'au temps des cerises, au pied des Pyrénées ... Et Paul pendant ce temps chantait : Pourvu qu'ça dure mon aventure ... La rue Dame Jeanne et ses pavés sous lesquels il n'y avait pas de plage, juste une place pour discuter et refaire le monde qui de toutes façons allait se défaire abandonnant les confitures de nos utopies au confit personnel du profit de quelques uns. Les p'tits gars du quartier Saint-Leu, dont Momo que vous reconnaissez j'espère, tous assis contre la balustrade du canal, si t'aimes la vie ne la fout pas dans l'canal. Cette dernière chanson en lien vous emmène, elle, ailleurs sur le Web. Pascal, Bernard et Pattie à Vébron cet été 2018, Pascal de face ici, m'a fait parvenir depuis, une reprise de waveja que je vous propose. Popol la chantait pour nous emmener sous d'autres cieux ... Il arrivait que devant la maison dans cet espace où le pavé suintait l'humidité de la Somme et de ses multiples bras canalisés qui enserraient le quartier, qu'on se mit à danser, peut-être à l'occasion du 1er mai où nous avions l'habitude de lancer un bella ciao que Paul n'a pas eu le temps, lui, de nous lancer, un thrène émis depuis notre tourne disque juché sur l'appui fenêtre. Des prix cassés pour un mutant À propos des prix cassés nous avions pu acheter au début des années 70, ces deux maisons contiguës rue Dame-Jeanne pour une somme correspondant pour l'une d'entre elles à 6 mois de SMIC à l'époque, aujourd'hui il faut trimer la moitié de sa vie au lieu d'une demi-année pour avoir un p'tit toit bien à soi ... Patrice, l'autre tenancier et cigale de la maison Dame-Jeanne, décorée par Claire recherchant peut-être quelques miettes sous la lunette d'un astronome ensommeillé : ... la fourmi sur la Lune Une cigale appelle bien sûr une fourmi, mézigue en l'occurence pas encore dans la lune. Melody dans les bras de Coco devant le 26-28, pas trop de misère pour son avenir avec le titre de Miss France, 18 ans après la photo. Mais ailleurs, la famille Boissard nous entonnent sur le Web : y'a d'la misère Au 26, 28 rue Dame Jeanne, notre maison était parfois trop petite pour accueillir les discussions qui se faisaient sur le trottoir au milieu des vélos, mobylettes ou vélosolex. Un café de la gare ... aux gorilles comme Brassens aurait pu le dire ! Concert dans la rare couleur du temps devant l'Hôtel de ville d'Amiens Pour Paul ce n'était pas un travail de bleu, ses textes qui allaient nous révêler l'existence tourmentée du cheval de Don Juan
Le bisou au marin d'eau douce du temps où Paul naviguait sur la vague sans chavirer Paul et Brigitte lors d'un voyage en Amérique du Sud (Salvador de Bahia) où la bossa nova a du l'imprégnier et laisser des traces dans certains rythmes de ses chansons : A garota de Ipanema Didier, indien de St-Leu, habite à l'époque dans une cour des miracles. Regard vers l'étrange destin que nous destine le destin Scène ordinaire au 26,28 rue Dame Jeanne: entre banane mécanique et prière kantique. Violence de mes mots et de ma danse sur cette immobilité captée ... une affiche présentant l'artiste Claire, fille ainée de Paul et Brigitte vient de naître. serait-ce Lili boule de gomme Brigitte et Claire en visite à Saint-Leu, devant il me semble mon destrier à roulettes : la mythique 2CV camionnette. |
Voici une liste récapitulative
des chansons de Paul Boissard versées dans le site de correzitude.fr
dans un format audio que vous pourrez écouter en cliquant sur les intitulés suivants : Je me promène sur ma guitare Lili boule de gomme Café de la gare J'suis un cassé un mutant P'tit Pol t'es perdu au pôle les plantes vertes la fourmi sur la lune les confitures le cheval de don juan j'ai mis le feu à ma cervelle je t'attends Cité Lénine Violence Indien de Paris l'abri anti-atomique la lune des pirates destin la vague nous chavire Pourvu que ça dure mon aventure et enfin Ouadéja dans une interprétation de Pascal Bauchard |