Plusieurs pages seront nécessaires pour avoir une petite idée des rencontres que réserve ce lieu intentionnellement choisi : le jardin. À la belle saison je quitte la ville engoncée dans sa cuvette permienne, indolente dans son climat assoupissant pour gagner par une proximité raisonnable la campagne revigorante des bas plateaux cristallins, où mon inclinaison à s'occuper de légumes, de fleurs et de jardin peut mieux s'exprimer. Le jardin est situé au milieu d'un bourg, ses mille mètres carrés sont suffisants pour combler un immuable besoin d'espace. Autour de ce village peu étendu, différents milieux avoisinent rapidement mon logis estival et agrandissent mon aire de prospection : prairies, vergers, étangs, zones humides, bois et forêts de pente au dessus des gorges sauvages et rocheuses de la grande rivière. Un environnement qui permet certainement par ses ressources et sa diversité l'intrusion de nombreux prospecteurs ailés dans le jardin. Une vue du peuple des insectes sur l'Angélique des bois qui pousse tout près du bourg, la grande majorité de cette vingtaine d'espèces présentes ici fréquente souvent le jardin situé pas très loin. Plusieurs hyménoptères sur cette ombelle. |
Avant de présenter quelques abeilles (ordre des hyménoptères) et quelques mouches (ordre des diptères) qui seront au centre de ce que je veux montrer des visiteurs du jardin, cette première page permet avec certains exemples d'illustrer quelques autres ordres chez les insectes dont on sait l'immensité de la diversité. Pour la France plus de 35200 espèces sont répertoriées et une évaluation raisonnable se situe vers 40000, pour le Monde plus d'un millions d'espèces sont décrites mais les évaluations offrent une énorme marge d'incertitude puisqu'on évoque une possibilité entre 3 et 30 millions d'espèces et parfois plus. Cinq grands ordres se partagent 93 % des espèces nationales. Voici un tableau qui permet pour notre pays de voir une répartition des principaux ordres chez les insectes : |
L'ordre des odonates ne se manifeste que par quelques apparitions furtives au jardin, dont la composition n'a que peu d'attraits pour les libellules. Mais ils ont tout de même des milieux de prédilection assez proches. Cette aeshne bleue (femelle ici, l'adjectif se rapporte au mâle) possèderait-elle quelque affinité à se rapprocher parfois ... |
L'ordre des lépidoptères, lui par contre, possède de nombreux représentants qui visitent le jardin : Avec cette Carte géographique (Araschnia levana), trouver la position d'une fleur attractive des choisyas est facile.... La Thècle de la ronce ou Argus vert (Callophrys rubi) s'aventure parfois au jardin, en début de saison toutefois. Là aussi il n'y a pas photo pour situer au Mexique l'origine du même oranger. Le Cuivré commun ou Bronzé (Lycaena phlaeas ) comme tant d'autres papillons de jour a du mal pour échapper à l'attrait des capiteuses fleurs de l'oranger qui, lui, pourrait provenir du milieu de la Lune selon la tradition centraméricaine. Voici un azuré habituel des lieux, abandonnant le nerprun, pour s'aventurer sur l'exotique oranger. Dorénavrant ..., j'en suis navré... je ne précise plus l'origine de mon arbuste fétiche. Celastrina argiolus - L'Azuré des Nerpruns Avec ce papillon, courrons vite comme l'atalante, vers une autre plante très attractive au jardin : l'aster automnal. Le jardin accueille volontiers ce migrant qui dans la crise actuelle, également climatique, trouve des conditions qui devraient l'exonérer peu à peu des contraintes et dangers des grands voyages... Impeccable dans sa nouvelle robe sans une écaille en moins : Le Vulcain (Vanessa atalanta) Rencontrer une panthère dans l'un des coins retirés du jardin provoque bien sûr toujours quelques émotions.... Pseudopanthera macularia Une mélitée qui semble avoir du mal à quitter le cocon familial et donc se coucounnant sur le joli arbuste. L'abdomen n'a pu se défaire de la partie postérieure de la chrysalide où le papillon a du vivre sa métamorphose. |
Avec le Tircis (Pararge aegeria) nous avons affaire à l'un de ces papillons dits de jour qui fréquente assidument le jardin, voici une liste pas du tout exhaustive de quelques autres qui virevoltent régulièrement auprès des végétaux attractifs : l'Amaryllis, le Myrtil, le Petit Nacré, la Petite Violette, le Fadet commun, le Tabac d'Espagne, la Mélitée du plantain, le Machaon, le Flambé, le Gazé, les piérides du navet , du chou , de la moutarde, de la rave, le Citron : celui ci parfois présent en hiver comme ceux-ci : le Paon du jour, le Robert le diable, le Vulcain La Petite Tortue est plus discrète au cours de l'année, comme le Sylvain azuré ou le Demi-deuil. Ce pieris a fait chou blanc avant d'atterrir sur l'éternel choisya ternata du coin. Réputé migrateur chez nous, l'Azuré porte-queue ( Lampides boeticus) était présent une bonne partie de l'été dans le jardin, assidu autour de la culture de haricots dont il butinait volontiers les fleurs sans dédaigner comme on le voit, un peu plus tardivement, les asters d'automne. Cette continuité de présence est une observation récente et pourrait indiquer une installation dans notre région, bénéficiant peut être de l'évolution climatique. Gare aux géraniums cultivés de votre jardin car l'ennemi est arrivé depuis peu : le Brun des pélargoniums (Cacyrus marshalli ) s'est implanté dans notre région au début des années 2000. Cacyrus marshalli L'expansion de ce petit lycène est soutenue par le goût des habitants des villes et des villages pour le “géranium” et l'absence de parasites et prédateurs spécifiques. Les ravages sont causés par les chenilles de l'espèce qui se nourrissent de toutes les parties aériennes de la plante, notamment des fleurs et des bourgeons floraux. Il semblerait donc que son établissement en France, au moins dans les régions méditerranéennes, soit à présent réalisé. Pour certains, le réchauffement climatique favoriserait cette expansion. |
Voici une punaise (l'ordre des hétéroptères a intégré celui des hémiptères) qui pourrait être un bon petit diable pour le jardinier : Zicrona caerulea cet hétéroptère possède un couleur un peu inhabituelle dans la famille des pentatomidae et semble être un prédateur de quelques chrysomèles enquiquinantes pour les légumes. Zicrona caerulea |
Coléoptère nécrophage, ce silphe est peut être Silpha olivieri assez rarement repéré en général. Silpha olivieri |
Sialis est un genre d'insectes de l'ordre des mégaloptères. Avançons sous toute réserve Sialis fuliginosa pour cette espèce vue vers le bord de la Vézère au niveau du château de Comborn. |
Un rhopalide (ordre des hémiptères) difficile à identifier mais très présent en septembre dans le jardin. Rhopalus subrufus ? |
Est-ce bien la Chrysope alpine (Chrysopa abbreviata - ordre des neuroptères) dont le graphisme éloquent compense une géographie approximative ? |
La cicindèle s'aventure très rarement dans le jardin, dotée d'une farouche vivacité seul le badinage a trompé sa vigilance champêtre pour pouvoir la surprendre. La Cicindèle champêtre, Cicindela campestris Je ne résiste pas à vous montrer un portrait de la jolie bestiole qui, comme on l'a vue, n'effarouche pas le partenaire. Photo tirée du très instructif et recommandable site aramel : http://aramel.free.fr/INSECTES1.shtml |
Attention ! voici un message rassurant de France cafards - je n'invente rien, voir : http://cafards.fr/ectobius.php La blatte des jardins (ordre des Blatteria), appartient à la famille des Blattellidae qui compte plus de 2000 répertoriées à la surface du globe dont une quinzaine d'espèces en France. Cette blatte ( Ectobius pallidus ) était très présente ces dernières années lors des étés très chauds que nous avons subis. Leur nourriture est essentiellement constituée de matière végétale morte, y compris le papier Pour ceux qui craignent une invasion à l'intérieur de la maison, pas de crise de cafard en perspective, ces blattes vivent dans les jardins et à priori, il n'y a pas d'invasion à craindre, sinon quelques incursions dans la maison les soirs très chauds en été. Ectobius pallidus |
Punaise ! un diable dans nos choux. La Punaise rouge du chou, ou Punaise ornée (Eurydema ornata), hétéroptère de la famille des Pentatomidae était fortement à l'ouvrage en cette année 2016. C'est un déprédateur du chou et de diverses espèces de Brassicaceae (crucifères) sauvages et cultivées, ainsi que de Poaceae (graminées) et de la pomme de terre. Les dégâts aux cultures sont causés par les adultes qui se nourrissent en piquant le limbe des feuilles. La Punaise arlequin (Graphosoma linatum) préfère largement les ombelles. La Punaise grisâtre (Elasmucha grisea) dans sa forme finale après quelques six mues la transformant beaucoup dans son apparence comme c'est souvent le cas pour les punaises compliquant ainsi la détermination. |
Dans la campagne du Bas-Limousin, il y a tout de même quelques perles qui ne sont pas faciles à rencontrer, il y a d'ailleurs très peu de choses sur le Web qui pourrait nous faire mieux connaître Isoperla grammatica. Ne restons pas de pierre devant ce joli patronyme latin, ces perles-mouches ne sont pas des diptères mais des plécoptères, nos voisins du récent brexit les appellent d'un nom évocateur : Stoneflies Les perles aimant à se poser sur les rochers à proximité des cours d'eau. Isoperla grammatica près d'un ruisseau descendant du village Pour rester dans cet ordre (plecoptera) voici encore quelques espèces rencontrées au cours des années antérieures près de mon village de référence : Genre Leuctra sans précision Voici peu de diversion en s'égarant loin du jardin : Leuctra (un lieu-dit de Béotie, situé au sud-ouest de Thèbes) fut le siège d'une bataille qui se déroula en 371 av. J.-C., et vit la victoire des Thébains, conduits par Épaminondas le béotarque ( >> magistrat et béotien ..pléonasme ! mais un président ne doit pas dire cela !) qui infligent une sévère défaite aux Spartiates du roi Cléombrote II. Considérée par beaucoup comme une révolution tactique pour l'emploi de l'ordre oblique ! Il y a aussi un tout petit rapport avec la méditation propice dans la thébaïde de ma contrée, la Thébaïde est une pièce méconnue de Racine à l'origine de la déconvenue suivante, objet en début d'année d'une chronique sur le grand réseau social de notre petit Monde, une perle, de l'incomplétude dans ma corrézitude naissante qui a fait raté le gros lot . Retournons au jardin après cette intrusion dans la vie locale, issue du millénaire dernier. Une autre perle nous attend, beaucoup plus bio cette fois avec cette grande espèce posée sur l'un des chemins d'accès au bourg. On peut supposer qu'il s'agit là de Perla marginata La Perle marginée est un bon indicateur de la qualité de l'eau de la rivière car elle ne vit que dans une eau fraîche et fortement oxygénée. Dernier genre de perles de mon chapelet : Capnia sans précision L'ordre des Plécoptères, appartenant au groupe des Polynéoptères, est constitué d’insectes hémimétaboles, ce qui signifie que la larve – au mode de vie aquatique – ressemble beaucoup à l’adulte aérien (a contrario de la chenille par rapport au papillon par exemple). Les plécoptères au même titre que les Odonates et les éphéméroptères furent d’abord placés dans les Névroptères par Linné, sous le nom de Perlidae. L’ordre peut être divisé en deux : les Antarctoperlaria subsistant dans l’hémisphère sud et les Arctoperlaria de préférence dans l’hémisphère nord, avec au total plus de 3 400 espèces connues au monde. En France, au nombre de 178 espèces, les perles appartiennent à deux groupes : les Nemouroidea au corps grêle et les Perloidea plus robustes et aux pièces buccales plus développées. Ces deux groupes en France sont répartis en sept familles : – Perloidea : Chloroperlidae, Perlodidae, Perlidae ; – Nemouroidea : Nemouridae, Leuctridae, Capnidae et Taeniopterigydae. Les plécoptères peuvent coloniser une grande partie de l’hydrosystème avec une nette prédilection pour la partie amont des cours d’eau. En effet, la plupart des espèces sont exigeantes vis-à-vis de la concentration en oxygène de l’eau, et de surplus très sensibles à la pollution et à la dégradation physique des cours d’eau. Cette oxyphilie et sensibilité s’expriment par une plus grande diversité spécifique au niveau des massifs montagneux. |
La Cigale bossue (Issus coleoptratus - ordre des hémiptères, classée auparavant chez les homoptères qui regroupaient, entre autres, les cigales, les cicadelles, les pucerons et les cochenilles) ne me fait pas déchanter tout l'été, je tressaute simplement quand elle saute, car là brunie par l'été... elle ne manque pas de ressort : Elle développe des engrenages complexes se verrouillant entre eux, lui permettant de sauter avec une grande puissance... Petit détour par le Web participatif pour montrer un état larvaire de la bestiole, certainement ici parasitée comme l'atteste le sac à provisions qu'elle semble tenir sous le bras (façon de parler bien sûr...) La Cigale épineuse ou Demi diable (Centrotus cornutus) ne fait donc qu'à moitié sursauter devant son apparence cornue. Ci dessous Penthimia nigra , il esi difficile de lui trouver un petit nom en Français. |
Une autre curiosité du fond du jardin où je laisse quelques orties pour faire du purin pour le jardin, Orthezia urticae , hémiptère un peu carnavalesque, cochenille recouverte de lamelles de cire d'un blanc de neige disposées plus ou moins symétriquement. Pour s'habituer à la classification, prenons l'exemple de cette bestiole pour la situer dans le monde du vivant : Domaine : Biota Règne : Animalia Sous-Règne : Eumetazoa Bütschli, 1910 Infra-Règne : Bilateria Haeckel, 1874 Infra-Règne : Protostomia Grobben, 1908 Cladus : Ecdysozoa Aguinaldo, Turbeville, Linford, Rivera, Garey, Raff & Lake, 1997 Phylum : Arthropoda Latreille, 1829 Sous-Phylum : Pancrustacea Zrzavý & Štys, 1997 Infra-Phylum : Altocrustacea Regier, Schultz, Zwick, Hussey, Ball, Wetzer, Martin & Cunningham, 2010 Classe : Hexapoda Blainville, 1816 Sous-Classe : Insecta Linnaeus, 1758 Infra-classe : Pterygota Brauer, 1885 Cladus : Neoptera Martynov, 1923 Ordre : Hemiptera Linnaeus, 1758 Sous-Ordre : Sternorrhyncha Super-Famille : Coccoidea Famille : Ortheziidae Amyot & Audinet-Serville, 1843 Genre : Orthezia Bosc, 1784 Espèce : Orthezia urticae (Linnaeus, 1758) |
De même les champignons s'intéressent à ce végétal attrayant en venant pousser sur les feuilles séchées tombées sur le sol. J'ai extrait ci contre de l'ombre de l'oranger mexicain, une feuille sur laquelle a poussé après une bonne pluie automnale le Macrotyphula juncea qui fréquente plus ordinairement les forêts de la région. J'ai un coup de cœur vous avez compris pour cet arbuste : le Choisya ternata, Je lui trouve un nombre de qualités pour le faire rentrer dans chaque jardin du Limousin. Arbuste aux superbes feuilles persistantes, vernissées, aromatiques à fleurs exhalant une légère senteur d'oranger. Réputé un peu gélif , il a cependant repoussé après les - 22 °C de l'hiver référent en janvier 1985. Facile à dupliquer par bouture et marcottage, il atteint assez rapidement une hauteur facilement stabilisée vers les 2 à 2 mètres 50. Il peut pousser à l'ombre mais sera plus attractif au soleil si vous voulez y observer un nombre invraisemblable de bestioles. Sa double floraison annuelle est facilitée par une taille légère après celle du printemps. Il peut remplacer avantageusement ces arbustes souvent employés pour faire des haies tristes et qui sont parfois très invasifs dans la nature, ce qui n'est pas le cas du Choisya. | Macrotyphula juncea sur une feuille sèche de choisya |
Le Drap mortuaire (Oxythyrea funesta ) dans son linceul blanc. On est là dans le funeste ! |
Les caryoptéris sont utiles très utiles au jardin décoratif pour attirer un bon nombre de visiteurs ailés en fin de saison. |
Le Carabe violet (Carabus violaceus) a trouvé refuge dans un nourisseur de ruche placé dans la petite grange au fond du jardin. |
Le recyclage sans fin d'une vie finie pour participer à d'autres vies .... |
Comme il ne faut pas mettre ses œufs dans un même panier ... il est proposé ici quelques autres solutions : Une plantation linéaire très régulière... Ici contrairement à l'adage émis au début de ces pontes, c'est le trop plein ! L'ouverture des magasins est parfaitement synchrone, on n'est pas tout de même dans une galerie marchande ! l'œuf neuf Avec trois œufs : l'amour est un œuf frais, le mariage est un œuf dur, le divorce un œuf brouillé... Maintenant ce sont les œufs mollés... Ne dites pas que c'est gonflé de parler de nature ainsi ! Pour finir avec ces quelques pontes, voici la plus sportive, deux équipes concourent sur le tapis vert : les " rouge et noir ", l'équipe d'Henri Beyle, entraînés par Julien Sorel les " ballons blancs " qui devraient se lâcher dans le match Contrairement au rugby traditionnel, la mêlée est démêlée mais concentrationnaire. Résultat : une opération dans les végétations ! |
Une autre tour de Babel entomologique |
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