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Pour découvrir la flore de notre
petite
région de l'ouest de la Corrèze
délimitée
par les trois belles rivières que sont la Loyre
à
l'ouest, le Brézou au Nord, le Clan à
l'est et le talus ardoisier au Sud-Ouest qui la sépare du
bassin permien de Brive, je vous invite à
parcourir
quelques chemins qui correspondent parfois à des circuits
pédestres balisés, mais sans oublier qu'il faut savoir
sortir
des chemins battus pour découvrir par soi-même : une
des bonnes motivations pour approfondir ses recherches.
Cette région possède des secteurs forestiers
importants implantés prés des cours
d'eaux qui
sillonnent et façonnent le paysage, et favorisent un habitat
semi- montagnard abritant une flore originale et souvent
printanière .
En effet dans cet habitat frais et boisé , le tapis
végétal connait une luxuriance dans ce court
délai qui sépare la fin de l'hiver avec les
premiers
réveils végétatifs peu après
l'équinoxe printanier et la frondaison de la fin avril où cette
couverture végétale va restreindre la lumière
et atténuer
l'essor des plantes et leur
développement.
Dans notre secteur géographique plusieurs zones plus ou
moins étendues vont fournir de quoi satisfaire
nos envies de découvertes et notre besoin de se
dégourdir les jambes après l'hiver :
- Un
peu de matériel est souhaitable pour les excursions
botaniques :
- Un sac à dos avec eau , petite pharmacie ,
vêtements
chauds.
- Un carte IGN , celle de Donzenac : Gorges de la
Vézère au 1:25000
série bleue couvre totalement
le secteur.
- Une boussole , toujours utile dans le labyrinthe forestier.
- Une loupe , un couteau ( style o'pinel ), quelques sacs,
un ou
deux crayons ( dont un en bois
pour figurer les zones intéressantes ou les nouveaux
sentiers sur sa carte mais aussi annoter sa
flore ).
- Une flore complète , je préfère
celle sans
photos mais si on débute les repères visuels facilitent
la reconnaissance des espèces ; la flore Bonnier bien
que vieillissante convient bien dans son
format: elle procède par avancée dichotomique ,
il faut apprendre le vocabulaire botanique de base
tout de même.
- Un appareil photographique si on veut constituer
sa propre flore
ou immortaliser de bons
moments.
- Dernier conseil : une petite révision de son
latin peut
toujours servir avant de le perdre
dans les méandres et aventures des nomenclatures .
Munis
de tout ceci, partons aux bois ...
|
1) La
promenade vers le Brézou au nord-ouest de la commune de
Perpezac le Noir :
Elle peut débuter au hameau de la Buginie , prendre le
chemin
qui descend vers
le Moulin de la Forge suivre le Brézou vers l'aval , il y a
plusieurs possibilités de
chemins jusque vers le pont du Moulin de la Forêt , remonter
par une zone bien humide
au début vers le hameau de départ .
En descendant quand on atteint les bois , on ne peut que remarquer la
belle présence
des Liliacées, qui
révèlent souvent des conditions un peu
montagnardes dans
ces pentes du vallon du brézou exposées au Nord :
la Scille-lys-jacinthe (
Scilla Lilio-Hyacinthus)
, plante du domaine atlantique présente dans la
moitié
occidentale du Massif Central et les Pyrénées, a
de
belles feuilles assez
larges et lisses et connait ici une station remarquable en formant un
tapis presque homogène dans ces bois , cette plante est
protégée au niveau national et s'accompagne de
sa cousine botanique :
la Scille à
deux feuilles ( Scilla
bifolia), toute menue par contre et à fleurs
blanches parfois.
Sur
des terrains un peu plus secs on va découvrir la jolie fleur
de :
l'
Érythrone dent-de-chien (
Erythronium dens-canis L.) avec ses longues
feuilles tachées
de rouge et son bulbe profondément ancré dans le
sol en forme de dent canine
est ici dans sa limite occidentale de répartition
européenne. | Erythronium dens-canis |
Scilla Lilio-Hyacinthus | Scilla bifolia |
Anemone nemorosa | Polygonatum multiflorum |
En
restant dans ce secteur du versant Nord du Brézou, bien plus
commune en général dans la nature et poussant en
masse une renonculacée évoquant le vent : l ' Anémone sylvie ( Anemone nemorosa ) dont les sépales
pétaloïdes sont généralement
blancs sur le dessus et plus ou moins rosés ou
violacés en dessous, mais peuvent être
rosés sur les deux faces.
Et plus tard en saison le
discret : Maïanthème
ou Petit Muguet (
Maianthemum bifolium) encore une autre
Liliacée montagnarde, la fleur donne une petite baie
rouge et la plante est toxique comme le muguet. On ne la rencontre
pas fréquemment chez nous car rare à cette
altitude, pas loin du vrai Muguet ( Convallaria
majalis ), la fleur
emblématique du Premier Mai ( Attention toute cette plante est
toxique : elle contient de la convallarine qui a des
propriétés cardiotoniques semblables à
celles de la digitaline) et aussi
deux autres voisines botaniques pour compléter les
Liliacées :
la Parisette ( Paris
quadrifolia) avec son verticille de quatre feuilles
ovales n'est pas très commune en Corrèze
(protection en Limousin ), son pistil donne une baie d'un
noir bleuâtre, qui est toxique, comme d'ailleurs toute la
plante.
Le Sceau-de-Salomon
( Polygonatum multiflorum ) possède un
grande tige dissymétrique et arrondie, arquée,
porte des feuilles ovales sur deux rangs opposés. Les
fleurs blanches ou verdâtres forment des petites grappes
pendues sous la tige. Il existe une espèce voisine, Polygonatum odoratum dont la tige est anguleuse et
dont les fleurs, plus grandes, sont solitaires ou groupées
par deux.
La
Jacinthe des bois
( Hyacinthoides
non-scripta) est
rare chez nous ( protégée en Corrèze )
car elle se
retrouve ici dans sa limite sud au niveau de sa
répartition
nationale. | Maianthemum bifolium |
Convallaria majalis | Hyacinthoides non-scripta |
Paris quadrifolia | Caltha palustris |
Dans les lieux humides, les fossés, près des
rivières :
Quelques représentantes desRenonculacées : le Populage des marais ou Souci-d'eau ( Caltha palustris .)
souvent les pieds
dans l'eau et des fleurs d'un jaune lumineux, ses feuilles
inférieures sont pétiolées et ont une
forme en cœur arrondi. Les supérieures sont en
forme de rein et sessiles. la Ficaire ( Ranunculus ficaria ) qui
éclaire le printemps tout autant. Elle
peut recouvrir sur de grandes surfaces. La tige couchée
porte
des bulbilles qui se développent après la
floraison. Les
feuilles glabres ont un limbe en cœur. Les fleurs sont
généralement stériles. Elles
possèdent
trois sépales et huit à onze pétales
d'un jaune
brillant.
Les
Primulacées , comme le nom le suggère sont des
printanières également et
sont bien représentées avec les
espèces suivantes :
la
Primevère élevée ( Primula eliator ),
commune et souvent cueillie
pour les bouquets et ainsi que le Coucou ( Primula officinalis ) à
la corolle très
concave
jaune avec cinq taches orangées à la gorge et les feuilles sont
gaufrées..
Le calice évasé est entièrement
vert-blanchâtre.Ce sont des plantes communes dans
les prés, les prairies et les bois clairs.
| Ranunculus ficaria |
Lysimachia punctata
| Primula officinalis |
Les Lysimaques forment un genre bien représenté dans cette famille des Primulacées :
la Lysimaque des bois (
Lysimachia nemorum ) est une petite rampante
à peine remarquée dans les bois , pourtant si
vous la placez dans votre jardin
, par exemple pour garnir le pied de vos arbustes , elle occupera
facilement le
sol , deviendra plus florifère que sous le couvert forestier
et donnera aux moindres
recoins de votre jardin un
air de printemps tout comme la très proche :
La
Monnoyère (
Lysimachia nummularia ) aux feuilles presque rondes ,
plus rare
dans nos contrées et moins forestière , mais se
révélant être un couvre-sol efficace
et adapté , plante du bord des eaux , elle a bien
résisté aux sècheresses des
dernières années.
Deux Lysimaques au port dressé pour finir ce genre :
la Lysimaque ponctuée
( Lysimachia punctata) une plante cultivée et
fréquemment naturalisée dans les lieux humides et
ombragés. Les feuilles sont verticillées par
trois à cinq. Les fleurs sont solitaires ou
groupées par deux à quatre à
l'aisselle des feuilles. Les sépales ne sont pas
bordés de rouge
la Lysimaque des marais ( Lysimachia
vulgaris ) , dans les fossés aux
bords des
routes s'élève à un mètre
cinquante. Les
feuilles sont opposées ou verticillées par trois
à quatre. Les fleurs forment des petites grappes
à l'aisselle des feuilles. Les sépales sont
bordés de rouge.
| Lysimachia nemorum |
Lysimachia vulgaris | Lysimachia nummularia |
2 ) La promenade en forêt de Blanchefort, donc en amont par
rapport à la première et toujours le long du
Brézou.
Depuis le hameau de Bouillaguet ( à l'est de la commune de
Perpezac le Noir ) prendre
le chemin qui mène vers le moulin de la Forêt (de
nouveau ) puis avant le pont
, remonter le cours du Brézou en restant à
proximité de la rive gauche de la rivière,
on peut prendre de l'eau à la fontaine de l' Ermite au
passage et continuer vers
le moulin de Peyroux et de là , vers Lagraulière
ou vers le hameau de Joujou au
sud-est de la forêt domaniale.
La situation est comparable à la première
promenade : des flancs nord investis par
une belle forêt et nous retrouvons à peu
près les espèces citées auparavant et celles
qui suivent dont on a pas encore parlé :
Primula eliator
|
Scrophularia nodosa
|
La Scrofulaire noueuse ( Scrophularia
nodosa ) est une plante commune au bord
des eaux et dans les taillis humides. La Scutellaire casquée ( Scutellaria
galericulata ) pousse
plutôt dans les zones marécageuses.Son nom commun provient d'une
utilisation ancienne pour lutter contre le paludisme ou
fièvre tierce. La tige pleine, à
quatre angles non ailés, porte des feuilles
pétiolées, dentées, à
contour triangulaire. Les fleurs brun rouge sont en pannicule terminale
dépourvue de feuilles. Les sépales ont un bord
parcheminé. Les feuilles,
brièvement pétiolées, ont un limbe
ovale-allongé, un peu aigu au sommet et bordé de
dents faibles. Les fleurs sont disposées tout au long de la
tige, généralement par deux à
l'aisselle des feuilles, et toutes tournées du
même côté, et sa voisine botanique, la Petite Scutellaire ( Scutellaria minor ) peut se trouver assez loin de
l'eau; ses feuilles sont
entières ou bordées d'une ou deux dents. Les
petites fleurs, blanches ou rosées, tachées de
pourpre, sont par deux et toutes tournées du même
côté.
Scutellaria minor | Scutellaria
galericulata
|
| |
Le Lychnide fleur-de-coucou
( Silene flos-cuculi ).
Cette
espèce est commune dans les prairies humides où
elle peut être très abondante. La plante est un
peu visqueuse dans le haut. Elle se reconnaît facilement
à ses pétales divisés en quatre
lanières inégales. Le calice est parcouru par dix
côtes vertes ou rougeâtres bien marquées.
Le Lamier tacheté ou
Ortie rouge
( Lamium maculata ) est rencontrée dans les
décombres, les haies et les bois clairs,
les berges de la Vézère notamment à
Estivaux
mais se fait rare ailleurs dans toute la
région. Les feuilles,
irrégulièrement dentées et
aiguës, rappellent celles de l'ortie. Les
supérieures sont parfois un peu pourprées,
surtout en début de saison. La corolle est rose, le
lobe médian de la lèvre inférieure est
tacheté. Les lobes latéraux sont
réduits à une dent étroite. Le tube de
la corolle, courbé en S et largement dilaté
à la gorge, dépasse longuement le calice. | Silene flos-cuculi |
Une
autre famille est bien représentée dans ces lieux humides: les
Borraginacées.
La Pulmonaire à longues feuilles (
Pulmonaria longifolia L.) aux fleurs évoluant
du bleu cobalt à
violet foncé et aux feuilles tachées de blanc
s'agrandissant après la floraison . Elle
est remarquable par ses longues feuilles étroites
maculées de taches claires, très progressivement
rétrécies en pétiole. Les fleurs sont
intensément colorées.
Pulmonaria
angustifolia a aussi des feuilles
étroites et allongées, mais elles ne sont pas
maculées.
A l'est du département on trouve Pulmonaria affinis dont les
feuilles d'été ont leur pétiole
bordé d'une
large aile et creusé en gouttière.
La Grande Consoude (
Symphytum officinale L.) bien mois commune dans ce secteur
que sa suivante :
La Consoude tubéreuse (Symphytum tuberosum L.) est une plante à poils
mous qui croît dans les lieux humides de l'Ouest, du Centre
et du Midi.
Les
feuilles sont à peine décurrentes sur la tige. La
corolle jaune pâle se termine par cinq petits lobes
recourbés.
Ce sont des plantes qui tirent du plus profond du sous-sol les
substances
minérales nécessaires aux
végétaux ( voir
la Consoude de Russie très utile en compost au
jardin pour
amener des minéraux).
|
Lamium maculata
|
Symphytum tuberosum
| Pulmonaria longifolia |
Le Myosotis des bois ( Myosotis
sylvatica )
aux tons si délicats du bleu azur au blanc, possèdent des hampes florales
en forme de crosses, qui se déroulent au fur et à
mesure de la saison
, très caractéristiques de la famille de ces
plantes .
La tige est munie de
poils appliqués dans le haut et de poils
étalés à la base. La corolle bleu
pâle, parfois rose, a un limbe étalé.
Le calice porte des poils appliqués, courts et peu nombreux.
Il est divisé jusqu'au tiers.
Le Myosotis des marais
( Myosotis scorpioides )
se
rencontre dans des espaces plus ouvert et près de l'eau.
| Myosotis sylvatica |
Myosotis scorpioides | Symphytum officinale |
La Lathrée
clandestine (
Lathræa Clandestina ) ne passe pas si
inaperçue près
des ruisseaux, quand elle fleurit en avril en paquets serrés
, c'est une plante parasite
des racines
des peupliers, des saules, des aulnes, des chênes et des
noisetiers.
Les grandes fleurs violettes naissent au ras du sol. Elles sont
portées par un pédoncule de deux à
trois centimètres;
son côté clandestin c'est
l'affaire du reste de
l'année car elle n'a pas de végétation
verte.
| Lathræa Clandestina |
Oxalis acetosella |
L'Oxalis des bois (Oxalis acetosella ) est une plante
gracieuse de 8 à 15 cm, à souche grêle,
rampante, couverte d'écailles charnues. Feuilles longuement
pétiolées à 3 folioles, ressemblant
ainsi à un trèfle. Les folioles se replient au
soleil, même au toucher
répété (sensitive). Fleurs blanches
veinées de rose, solitaires. 5 pétales. 5
sépales. 10 étamines. Comme pour la violette, les
premières fleurs sont rarement fertiles. Les fruits en
capsules proviennent des fleurs tardives sans pétales. |
La Cardamine des prés (Cardamine pratensis) est une espèce, commune dans les prairies humides. Les feuilles
sont divisées en folioles qui sont plus étroites
dans les feuilles caulinaires que dans celles de la base. Les
pétales sont lilas, roses ou blancs. Les siliques sont
grêles. Cest une plante polymorphe, en particulier dans la
forme des feuilles, et on y distingue plusieurs sous-espèces. | Cardamine pratensis |
Le
Millepertuis des marais (Hypericum
elodes) se retrouve souvent sur la zone tourbeuse de la
Corrèze, mais dans notre secteur, il faut la rechercher
près des étangs, à
proximité des sources . | Hypericum elodes |
Circaea
lutetiana |
La Circée de Paris (Circaea
lutetiana)
Plante
herbacée vivace, hermaphrodite, plus ou moins velue,
à multiplication végétative intense
par stolons (20-60 cm).
Tige
dressée, ramifiée dans le haut.
Feuilles
opposées, à pétiole creusé
en gouttière et velu tout autour, à limbe ovale
à elliptique, longuement acuminé, à
base tronquée ou un peu cordée, velu sur les
nervures, à marges faiblement dentées. Inflorescence :
racème simple, lâche et terminal, non
feuillé ;
pédicelle pubescent-glanduleux, sans
bractées ; 2
sépales réfléchis ; corolle
blanche ou
rosée de 4 à 7 mm de diamètre,
formée de 2
pétales très
échancrés ; 2
étamines très saillantes,
insérées sur la
gorge du calice ; 1 style à stigmate
bilobé.
Fruit : capsule en
massue hérissée de poils raides et crochus.
|
La Saponaire officinale ( Saponaire
officinalis )
C'est
parce qu'elle contient de la saponine, une substance qui a la
propriété de faire mousser comme du savon, que la
Saponaire officinale porte aussi le nom d'«herbe à
savon». Lorsque séchées et
nettoyées, les racines peuvent servir dans la fabrication
d'une poudre qu'utilisaient jadis les habitants pour se laver les
mains. Mélangée à de la soude, elle
pouvait également blanchir les laines et dentelles
pâles. La
savonnière se developpe dans les fossés humides
et sur les berges de nos rivières. | Saponaire
officinalis |
L' Androsème ouToute- bonne ( Hypericum
androsemum ) est
disséminé dans notre région. Il forme une touffe de tiges qui
deviennent de plus en plus ligneuses avec l'âge et peuvent
atteindre 50 à 100 cm de haut. Elles portent 2 nervures
ailées longitudinales et opposées. Leur
écorce fine passe du brun rougeâtre au brun
foncé.
Les feuilles semi-persistantes sont
opposées, sessiles, ovales et engainent la tige à
leur base ; certaines sont teintées de rouge. Au
froissement, elles dégagent une légère
odeur aromatique.
Le fruit qui se développe
aussitôt des le calice qui s'agrandit est une sorte de baie
globuleuse surmontée des trois styles du pistil. L'ensemble
se teinte de rouge pourpré et les fruits finissent par
devenir noirs et plus durs. | Hypericum
androsemum |